"Il y a un certain ressentiment à l'égard des socialistes"

Publié le par Ensemble à Gauche

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Alors que les socialistes n’ont guère été audibles lors du conflit dans les transports, Laurent Fabius dresse le bilan du mouvement social et livre sa vision de la rénovation du PS dans une interview au journal Libération. "Un parti politique n’a pas à se substituer au mouvement social. En même temps, il faut reconnaître que le PS, dans un passé récent, n’a pas toujours été en pointe dans ce domaine. Il faut que ses dirigeants soient offensifs et clairs."

Quelle leçon politique tirez-vous du conflit social ?

La première leçon, c’est qu’il est déplorable qu’on ait dû arriver à un tel affrontement. Encore faudra-t-il évaluer les résultats des négociations. En tardant à discuter, le gouvernement a fait perdre du temps. Ce qui laisse chez les usagers et les personnels fatigue et ressentiment. Le pouvoir a voulu diviser les salariés, faire apparaître les bénéficiaires des régimes spéciaux comme des privilégiés, alors qu’il accordait près de 15 milliards de cadeaux fiscaux à d’autres.

Fallait-il réformer les régimes spéciaux ?

Bien sûr, il faut une harmonisation. Mais en tenant compte de la pénibilité, de l’espérance de vie et du niveau des retraites.

Pourquoi le PS a-t-il peiné à accompagner le mouvement ?

Un parti politique n’a pas à se substituer au mouvement social. En même temps, il faut reconnaître que le PS, dans un passé récent, n’a pas toujours été en pointe dans ce domaine. Il faut que ses dirigeants soient offensifs et clairs.

Le pouvoir d’achat est-il le dossier le plus épineux pour le gouvernement ?

Tout augmente, sauf les salaires. Beaucoup commencent à se dire qu’on leur a raconté des sornettes avec le« travailler plus pour gagner plus ». D’où un mécontentement à l’égard de l’exécutif, mais qui ne se reporte pas encore en positif sur la gauche.

Quel bilan tirez-vous de six mois de présidence Sarkozy ?

Omniprésidence et omnifinance. Suractivité incontestable, mais efficacité discutable. Ce qui me frappe aussi, c’est la novlangue officielle, cette communication érigée en propagande. « Travailler plus pour gagner plus » fut un slogan clé de la campagne : on voit maintenant la réalité, bien différente. On ferme brutalement 160 tribunaux, cela s’intitule « rapprocher la justice des citoyens ». On supprime plus de 10 000 postes de professeurs par an, cela s’appelle « intéresser les enseignants ». La taxation des malades est rebaptisée « responsabilisation des patients ». Et le chef de l’Etat, lorsqu’il s’augmente de 200 %, ne fait que « rendre transparent son salaire ». A l’opposition d’opérer ce travail de décodage, de déconstruction et de propositions.

En tant qu’ancien Premier ministre, comment jugez-vous le rôle de François Fillon ?

Considérer le Premier ministre comme un simple collaborateur du président est un déséquilibre fonctionnel malsain. Une seule personne ne peut remplir tous les rôles de la République. Je suis en désaccord avec le pouvoir trop personnel qu’on nous propose.

Le PS s’est prononcé en faveur du mini traité européen. Vous rangez-vous à cela ?

Le traité n’est ni « mini », ni « simplifié », il comporte 250 pages et près de 300 amendements ! Nous avions unanimement décidé que ce sujet, tranché en 2005 par le peuple, devait démocratiquement être à nouveau examiné par lui. Je suis de ceux qui n’ont pas changé de position : le refus de procéder à un référendum n’est pas une question de forme, mais de fond. Au-delà de quelques dispositions institutionnelles utiles, je crains que le texte ne permette pas la relance européenne indispensable.

Qu’allez-vous faire sur ce point ?

Présenter des propositions concrètes de relance, notamment celle d’une Coopération européenne pour la recherche et l’innovation (Ceri). Quant au traité lui-même, je ne souhaite pas le cautionner.

Sur quoi doit porter le prochain congrès du PS ?

Sur les valeurs socialistes, beaucoup plus modernes que l’ultralibéralisme. Sur nos propositions, qui, elles, doivent être adaptées et rénovées. Sur la stratégie, enfin : si le PS se contente de regarder ce que font l’ultragauche et le centre, en se laissant ballotter au gré des sondages, alors le potentiel de contestation qui s’exprime se portera sur d’autres que nous et le besoin de propositions ressenti ne sera pas satisfait. Le PS doit, au contraire, constituer une gauche décomplexée, sociale-écologique dans l’économie de marché, rassembleuse, propositionnelle.

Le prochain congrès doit-il être celui du leadership ?

Il faut clarifier les idées, et celles qui prévaudront devront, bien sûr, être incarnées. Mais il serait absurde de poser la question présidentielle de 2012 dès 2008. Une équipe avec un ou plusieurs porte-parole, des personnalités largement nouvelles sont souhaitables. Le moment venu, nous trancherons sur qui doit faire quoi.

Ségolène Royal est-elle toujours en mesure de jouer un rôle de premier plan au PS ?

Je viens de vous répondre.

Quel rôle comptez-vous jouer dans les mois qui viennent ?

Je prendrai position, non dans les jeux internes, mais sur les grandes questions, m’efforçant d’être actif et sage à la fois. Ce qui se passe aujourd’hui au Pakistan ou en Iran, ou bien l’envolée de l’euro destructrice d’emplois, les dégâts du CO2 n’ont-ils pas un peu plus d’importance que les déclarations de tel prétendant PS en mal de médias ? Il y a aujourd’hui - et je le regrette - un vide et parfois même un certain ressentiment à l’égard des socialistes, comme une sorte d’espérance interdite. Nous devons reconstruire pour rendre aux Français cette grande espérance.

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D
@bruno<br /> chacun voit midi à sa porte? chacun son expérience..: entre celle de ma section, du tete de liste locale, et tout ce que je viens de vivre par ailleurs depuis 1 an, via mon emploi dans une collectivité socialiste!!! avec sa cour!!! le jour ou tu passes par là on mange ensemble,, et on confronte nos "points de vues variés selon altitude?"..sans rire..entre mon expérience, et, pour ne citer, dans un autre registre, que "parentis", ou Tartas...???ou certaines accessions..;ascensions??? tout va bien dans le meilleur des mondes....<br /> bonne semaine...la dernière pour moi jussqu'au vote de jeudi
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A
Entre l’UMP et le PS et ses annexes, la différence est de plus en plus fine, ce n’est qu’une question de casaque pour attirer le chaland !!<br /> <br /> Le Capitalisme a intérêt à garder les deux parties UMP et PS pour leurrer le bon peuple, exemple l’Europe du Fric, la Réforme Universitaire (déclaration de Royale) les retraites...c’est bien le PS qui a servi la soupe ?<br /> <br /> Quand à Besancenot il joue le "CHE" faut le faire !<br /> <br /> Nous reste qu’un PC amoindri à un club et tournicotant...la droite sous quelque maquillage que ce soit ... à encore de beaux jours devant elle !
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B
@ Dominique : Brigetoun voulait simplement, pense-je, dire qu'elle fait sienne ta remarque (d'où le "dito").<br /> <br /> Les Landes, je connais bien, très bien même, et j'espère que ce n'est pas la fédé des Landes que tu vises, parce que c'est une très bonne fédé, qui m'a donné beaucoup de joies militantes...<br /> <br /> @ hihihi : Ce n'est pas parce qu'un parti essuye des difficultés logistiques et de personnel qu'il convient de le moquer et de s'en réjouir. Bien au contraire. La gauche est plurielle, et je souffre de voir l'une de ses composantes essentielles souffrir. Le Parti socialiste ne saurait représenter toute la gauche, constituer un parti unique. Il faut que l'ensemble des sensibilités puisse s'exprimer, et, par là, permettre un meilleur rassemblement.
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H
Chez les Verts, on licencie Rosalie Lucas<br /> dimanche 25 novembre 2007 | Le Parisien<br /> <br /> «NOUS SOMMES absents », « nous sommes inaudibles », « mauvais »... Hier matin, chez beaucoup d'intervenants à la tribune du Conseil national interrégional des Verts, l'heure est à l'autoflagellation. Il faut dire que, pour le mouvement écologiste réuni à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), la période est très difficile et les troupes sont moroses. Après plusieurs échecs électoraux (Dominique Voynet a recueilli 1,57 % au premier tour de la présidentielle), les Verts peinent à rebondir. <br /> <br /> Laurence Abeille, élue d'Ile-de-France, résume la situation : « Nous sommes en plein désastre financier et électoral. » Hier matin, à Saint-Denis, des salariés du siège national des Verts arboraient des autocollants « salariés en grève, hélas ». Une première au sein du mouvement. Les vingt employés de la Chocolaterie (le siège du parti), rue du Faubourg-Saint-Martin, dans le X e arrondissement à Paris, sont en grève illimitée depuis vendredi. Endetté, sous la pression des banquiers, le parti est contraint de réduire sa masse salariale. Alors que huit personnes auraient accepté un départ volontaire, les grévistes, qui distribuent des tracts, sont en conflit avec la direction sur le montant de leurs indemnités. Cette compression de personnel fera l'objet d'un vote aujourd'hui, puisque le Cnir devra valider le budget 2008. « On ne licencie pas parce qu'on fait des bénéfices, précise Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts, mais parce qu'on est pris à la gorge. »
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D
à propos des verts, que je connais mal, il y a eu dernièrement à Saint Médard en jalles un rassemblement des MJS...mon amie d'enfance, récemment encartée PS y était...: Noêl Mamere à fait un tabac..très bon, et très applaudit...(il m'a plutôt fait rire avec son mariage à la con il y a quelques années mais bon) <br /> François Hollande...très très moyen ( je dis ça après avoir été tout de même enchantée de sa visite à Saint Sever dans les Landes au printemps..mais aujourd'hui le "traité" ne passe pas...et rien ne passera du PS si cela n'est pas éclairci)..
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