Réception du colonel Kadhafi: une tâche sur le blason de la France

Publié le par Ensemble à Gauche

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Le départ du colonel Kadhafi et de ses plus de 400 sbires-tortionnaires de notre pays (anciennement appelé "patrie des droits de l'Homme) est l'occasion de publier la tribune rédigée par Jean-Marc Ayrault contre la visite du dictateur à l'Assemblée nationale.
 En effet, cette tribune sonne comme un implacable réquisitoire, qui, à l'heure du bilan, se suffit à lui-même.

 

La réception du colonel Kadhafi est une tâche sur le blason de l’Assemblée. On ne déroule pas le tapis rouge à un dictateur dans l’enceinte de la démocratie. On ne déroule pas le tapis rouge de l’Assemblée nationale à un homme qui n’a jamais exprimé publiquement le moindre regret concernant les attentats dont son régime s’est rendu coupable contre des ressortissants français et étrangers.. Un homme qui continue de justifier l’utilisation du terrorisme, qui continue de pratiquer la peine de mort, la torture dans ses prisons, la criminalisation de toute opposition.

La réception du colonel Kadhafi est une tâche sur le blason de l’Assemblée. Ce n’est pas sans lien avec le débat qui nous occupe. L’Europe, après la guerre, s’est bâtie sur des valeurs, celles des droits de l’homme et du citoyen. Ces valeurs sont les nôtres. Nous en sommes les dépositaires.

On ne déroule pas le tapis rouge à un dictateur dans l’enceinte de la démocratie. On ne déroule pas le tapis rouge de l’Assemblée nationale à un homme qui n’a jamais exprimé publiquement le moindre regret concernant les attentats dont son régime s’est rendu coupable contre des ressortissants français et étrangers.. Un homme qui continue de justifier l’utilisation du terrorisme, qui continue de pratiquer la peine de mort, la torture dans ses prisons, la criminalisation de toute opposition.

Comment enfin oublier que cet homme a fait emprisonner, torturer des infirmières bulgares et un médecin palestinien innocents au mépris de tout le droit international. C’est au sein de la commission d’enquête parlementaire- présidée par P. Moscovici – que les otages ont révélé et décrit les tortures dont ils ont été victimes. C’est au sein de cette commission d’enquête qu’a été mise en lumière la poursuite de ces exactions sur les détenus dans les prisons libyennes.

Comment oublier que le colonel Kadhafi refuse toute coopération avec cette commission d’enquête parlementaire. Comment oublier qu’il a refusé que soit rendue publique la liste des membres de la délégation qui l’accompagne. Nous demandons qu’elle le soit afin que les victimes puissent savoir si des responsables d’exactions sont présents sur le sol français.

Non Monsieur le Président, aucun usage, aucun motif ne justifiait que l’on reçoive le colonel Kadhafi aujourd’hui à l’Assemblée. Les députés UMP, votre propre président de groupe ont eux-mêmes eu honte de cette réception et ont argué toute sorte d’excuses qui ne trompent personne pour ne pas s’y rendre.

On nous dit que la Libye est en train de changer. On nous dit qu’il faut l’aider à réintégrer la communauté internationale. Oui, c’est pleinement souhaitable. Mais avant de rendre un hommage officiel à son chef, il fallait demander des gestes forts sur la fin des exactions du régime, sur son renoncement définitif à toute forme de terrorisme, à toute forme de violations des règles de droit international.

Aucun de ces gestes n’existe. Aucune de ces paroles n’a été prononcée. Pis, la veille de sa visite, le colonel Kadhafi a justifié le recours au terrorisme comme une arme légitime pour les pays pauvres.

Pour M. Sarkozy, seule paraît aujourd’hui compter la signature de contrats commerciaux et militaires. Beaucoup de nations européennes comme la France naguère, l’Allemagne aujourd’hui, ont montré que l’on pouvait entretenir des relations diplomatiques et commerciales  avec des Etats qui sont loin de nos principes démocratiques, sans abdiquer un langage de vérité sur les droits de l’homme et les règles internationales.

Cette complaisance vis-à-vis de colonel Kadhafi que l’on retrouve pour la Russie, la Chine et bien d’autres est à l’opposé de la diplomatie de principes et de réalité que la France veut construire depuis 30 ans. Elle est en rupture avec le discours du candidat Sarkozy sur sa détermination à défendre partout les droits de l’homme. Ce ne sont pas les consciences qui protestent qui se déjugent, c’est le président de la République.

Les contradictions du gouvernement

Le trouble a gagné jusque les rangs du gouvernement.

On s’étonne que la ministre des droits de l’homme s’exprime. Ce qui aurait été indigne, c’est qu’elle se soit tue. Mais combien de temps peut durer la contradiction entre ce ministère et la diplomatie utilitaire menée par le président de la République. Combien de temps peut durer cette proclamation des droits de l’homme et la complaisance désormais affichée vis-à-vis des régimes autoritaires.

Le comble de cette tartufferie est symbolisé par vous, M. le ministre des Affaires étrangères. Vous séchez toutes les rencontres officielles avec le colonel Kadhafi et en même temps vous justifiez sa visite. Que vous mangiez votre haut de forme, c’est votre problème. Que vous cautionniez tout ce que vous avez naguère combattu, ça devient le problème de la France.

La diplomatie illisible

La politique étrangère de la France est devenue illisible et confuse. C’est une suite de coups sans fin, sans cohérence. Seules comptent les photos du président libérant des otages, signant des contrats, courant à perdre haleine sur tous les continents. Cette diplomatie spectacle ligote notre liberté de jugement et d’action. On le voit avec la Libye, avec le Tchad, avec la Chine, les concessions sont payées à un prix démesuré. La diplomatie française devient à son tour prisonnière des Etats les plus critiquables.


Dans cette diplomatie spectacle on dit blanc à l’un le matin, noir à l’autre l’après midi. Le président se croit seul au monde. Le problème, c’est que la France est en train de devenir incompréhensible pour tout le monde.

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B
Disons que nous sommes nombreux à avoir envie d'une autre gestion des affaires étrangères par la France... Dire qu'avec Chirac et Douste-Blazy, nous pensions avoir vécu les pires humiliations, on en viendrait presque à les regretter... C'est dire le niveau.
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B
je m'interroge : ais je vraiment envie que la politique extérieure de la France, puisque la France c'est Sarkozy et Kouchner, devienne lisible ?
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